2 ans déjà : quel bilan tirer de ce 1er tiers de mandat de la majorité municipale ?

Notre village, depuis bientôt 20 ans, vit un déclin permanent : nous sommes tous les spectateurs de sa lente transformation, des difficultés que rencontrent les commerçants et les artisans, de la disparition progressive des hébergements touristiques et de son corollaire, la baisse de la fréquentation touristique.

Beaucoup d’erreurs sont à l’origine de cette situation. Mais la principale cause de cette dégradation résulte aussi, et peut-être surtout, de l’inaction et du manque d’imagination de nos élus. Pour être créatif, innovant, il faut avoir une vision de l’avenir, avoir et donner envie de changement.

Après deux mandats, il est même tout simplement impossible d’avoir ce raisonnement, surtout s’il s’agit d’éviter d’essuyer les moindres critiques ou craintes qui ne manquent pas de se manifester avec cet épouvantail qu'est le changement.

Le sujet le plus délicat, régulièrement passé sous silence, absent tout simplement du débat démocratique, est celui de la réforme territoriale.

C’est pourtant au niveau de la communauté de communes que nous retrouvons les enjeux d’avenir les plus importants, comme le soutien à l’activité économique, le développement touristique, l’emploi, le maintien des services publics,  et on ne peut que constater que les dernières années ont été parfaitement vides de projets, vide d’engagement des élus, particulièrement ceux d’ANNOT. Le constat est valable aussi pour les mandats précédents.

Face à la complexité des situations et à la rareté de l’argent public, il fallait évidemment se préoccuper de l’avenir dès l’origine de la communauté de communes, en élaborant un projet partagé avec tous, en anticipant et en construisant ensemble les projets, les services, et en s’ouvrant aux territoires voisins.

Rien de cela n’a été fait, et pour toute réponse, nous entendons, étonnés et incrédules, la litanie de la soumission aux volontés des préfets successifs : ne pas avoir de vision de ce que peux devenir le territoire, de ce à quoi aspirent ses habitants, a pour conséquence la passivité et la résignation, et leur corollaire consistant à laisser d’autres décider à notre place. Car il ne faut pas croire que nos élus assumeront quoique ce soit dans cette affaire : ce sera forcément l’Etat qui portera le chapeau …

La réforme territoriale devient permanente et le dernier épisode mettant en cause l’existence des communes, remodelant une nouvelle fois les intercommunalités est issue de la loi NOTRe, promulguée le 7 août 2015. Cette loi impose l’évolution des périmètres intercommunaux, encourage l’évolution des périmètres communaux avec les communes nouvelles, modifie les périmètres d’action des conseils Départementaux et Régionaux.

Cette réforme confronte les territoires entre eux, intervient dans un contexte budgétaire, financier et fiscal de baisse des dotations, de réforme fiscale, de transferts financiers entre communes et intercommunalités. L’impact sur les communes se traduit par l’obligation de mutualiser, de restructurer les services et de redéfinir le rôle de chacun.

Il faut donc réfléchir à la fois transversalement, avec des périmètres qui changent, et verticalement, avec les nouveaux transferts de compétences.

L’immobilisme constitue un risque immense : celui de ne s’occuper que de l’évolution des structures plutôt que de ‘’ faire’’ (et les élus sont là pour faire …). Il faut regarder le calendrier des actions à venir, porter et défendre l’intérêt de nos habitants, de nos commerçants et artisans, des entreprises, en intervenant à toutes les étapes de la réforme, mais il faut aussi se projeter à 10 ans, se saisir de ces évolutions pour tracer un avenir, plutôt que se résigner en restant immobiles.

Le niveau régional associé au bloc local permet de constituer un binôme de projets. Or, le mandat communautaire qui s’est déroulé jusqu’en 2014 a consisté à composer en permanence, à négocier des objectifs au cas par cas, le président n’ayant eu de cesse de nous répéter qu’il ne fixait pas de cap préalable et qu’il se ferait l’émanation de la volonté des maires et des conseils municipaux, avec une absence de visibilité et une difficulté à maintenir un cap. Le résultat constaté est un niveau de transfert de compétences faible, avec peu de projets. En fait, c’est une attitude qui consiste à acheter la tranquillité avec ses partenaires.

Ce n’est évidemment pas une bonne façon de gouverner : la solution eut été de se mettre d’accord au préalable sur un ensemble de projets, les modalités de les mettre en œuvre, et ainsi d’éviter les rapports de force permanents.

Ce résultat risque bien de perdurer sur le mandat 2014-2020, si nos élus se contentent de gérer la transformation des structures.

S’agissant du conseil municipal d’ANNOT, le bilan de ces 2 premières années est plus que décevant :

- les affaires de la commune continuent d’être traitées dans le plus grand secret, par les mêmes personnes que lors du mandat précédent, et aucune information n’est réellement donnée aux conseillers municipaux ; il faut bien constater aussi que, malgré le fait que les séances soient publiques, peu d’annotains se déplacent alors qu’il est vraiment important d’y assister pour se faire sa propre opinion,

- une seule séance du conseil municipal par trimestre, en moyenne, sans véritable débat, sans information, avec très peu de réunions des commissions,

- un manque de respect pour les conseillers municipaux d’opposition, qui représentent pourtant 48 % des électeurs qui ont voté lors des élections municipales de mars 2014, et qui ne demandent qu’à travailler utilement pour la commune.

Nous sommes à un tiers de la mandature, et nous proposons une analyse un peu plus politique du bilan, que nous considérons comme très décevant pour la majorité municipale, très loin des promesses de la campagne électorale.

Les impôts locaux, qui étaient insupportables à l’époque de l’ancien Maire (jusqu’en 2001) selon l’ancienne analyse de l’équipe majoritaire, n’ont pas baissé pour autant…

Concernant les projets, et mis à part ceux hérités de la campagne des municipales, et dont l’avancement est plutôt poussif, rien de bien encourageant.

On attend des nouvelles de la piscine, du terrain de football, de la Respelido, de l’entretien de la Beïte, de la Vaïre, du développement économique, de la salle polyvalente, de la résidence pour personnes âgées, de la pérennité de la présence médicale, des actions en faveur du tissu économique local,  du gymnase pour l’école intercommunale et le collège d’ANNOT, du déploiement du Très Haut Débit sur l’ex canton d’ANNOT et de l’offre de services numériques…

La communauté de communes, le pays, le village, décidément tout périclite, décline, par manque d’implication de ces élus-là, et par manque d’anticipation, manque d’efficacité, manque de travail, encore et toujours…

Face à tous ces enjeux, je vous propose un extrait des vœux du Maire :

Bilan de la municipalité 2015 :

- accès au cimetière, taille des arbres, goudronnage du parking, mise aux normes du bâtiment de service des employés de la commune, mur de la Respelido, abri à sel, fin des travaux d'éclairage public par le SERC, accord pour l’aménagement du parking d'Intermarché, travaux de voirie, travaux d'entretien de bâtiments communaux, escalier et toiture de la maison Vauquelin,  carrefour des Auches, enrobés au camping - voie communale -, toute une liste de travaux nécessaires, mais qui sont des travaux d’entretien courant, tout simplement,

- lancement des études de transformation du POS en PLU et de la ZPPAUP en AVAP : on attend toujours l’information aux annotains, alors que les études sont désormais suffisamment avancées pour l’organiser,

Projets 2016 : dans un cadre budgétaire de plus en plus contraint (les dotations sont en diminution, les subventions en baisse), les projets feront l'objet d'un choix de priorité et d'un arbitrage budgétaire (arbitrage qui découlera de leur propre gestion et qui leur incombe donc totalement). En effet, faute de ne pas avoir été assez imaginatif, voire créatif et mobile face aux réformes, il est probable que leur mode de gestion ne change pas et que le cadre budgétaire risque d'être encore et toujours plus contraint.

Le Maire invoque une gestion rigoureuse des dépenses, une recherche d’exemplarité : mais cette gestion n’est absolument pas rigoureuse ; la commune doit régulièrement faire face à des aléas du fait de son imprévoyance, subit des frais de fonctionnement qui pourraient être évités si les projets avançaient à un meilleur rythme (voir le Campus, toujours pas en service après 2 années passées, mais dont l’emprunt pèse d’ores et déjà sur le budget …).

Les projets, toujours concernant l’entretien courant ou relatifs à l’initiative privée :

-  extension du columbarium du cimetière

- Maison d’Amélie : extension votée par le conseil municipal (projet privé)

- Parking Intermarché (projet privé)

- Goudronnage de la voirie du lotissement de la Ribière, du parking de la salle de sports et cuisine à la salle polyvalente.

- la carrière du centre équestre, les jeux dans les jardins publics, le lifting des rues d'Annot, avec le problème de l’approvisionnement en pierres de grès,

- le Campus dont les études d'aménagement sont terminées et l’appel d’offres pour les travaux réalisé avec un lancement imminent et une mise en service au printemps ; l’excuse du dépôt de permis et des études d’aménagement est bien piètre pour justifier l’inaction prolongée sur ce dossier, dont nous tenons à redire que nous n’y sommes pas associés et qui révélera sans doute bien des surprises encore

- la poursuite des études du PLU…

Bref, encore un inventaire à la Prévert, sans aucun souffle pour l’avenir.

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Il est, par ailleurs, étonnant de ne pas entendre le Maire expliquer les implications pour le budget communal de la mise en œuvre du Plan de Prévention des Risques, approuvé par le préfet le 17 octobre 2013 et qui impose d’importants travaux à la commune (Pont de la Vaïre, de la Beïte, entretien et environnement des rivières) ; depuis 2013, mais bien avant, quoiqu’il en soit et compte tenu de la connaissance des risques que nous avons tous, le Maire n’a pas trouvé le temps de planifier la moindre dépense d’entretien, la moindre demande de subvention, pour faire face à ses obligations.

Nous vous laissons juges de l’incurie qui se poursuit, et du déclin qui continue inexorablement d’entrainer le départ des jeunes, la fermeture des commerces et la baisse de l’activité économique et touristique.