STUPEUR et TREMBLEMENTS

Dans ce roman d’Amélie NOTHOMB, une jeune femme enchaine gaffe sur gaffe, en tentant de s’intégrer dans la société japonaise. Dans sa déchéance, elle va descendre les échelons jusqu’au poste de « dame pipi », mais refuse néanmoins de démissionner.

Jean MAZZOLI, président de la communauté de communes « Terre de Lumière », doit se demander quel sera son avenir, lorsque la commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) aura adopté ou rejeté l’amendement que vient de déposer le Président de la communauté de communes du Moyen Verdon d’où sa stupeur, lui qui prétendait qu’aucun amendement n’était plus possible, et sans doute ses tremblements, en imaginant les conséquences de son manque de clairvoyance, mais aussi et surtout, de son manque de compréhension des enjeux et des intérêts des populations de nos territoires.

Cet amendement demande très clairement :

- d’une part, le maintien de la Communauté de Communes du Moyen Verdon dans la configuration actuelle,

- d’autre part, la création d’une nouvelle entité intercommunale sur le reste du territoire du pôle Verdon.

C’est suite au dernier conseil communautaire que Jean MAZZOLI a dû se résoudre à donner quelques indications sur les méthodes qui seront employées par le Préfet, dès lors qu’il reconvoquera la CDCI en septembre.

Selon ses dires, le Préfet aurait indiqué que si la CDCI votait contre le grand périmètre à proportion des 2/3 de ses membres, soit 27 membres sur 40, il n’utiliserait pas le pouvoir de passer outre que lui donne la loi NOTRe.

Je rappelle que, lors du précédent vote, l’amendement de Moyen Verdon, allant dans le même sens que celui qui vient d’être redéposé, avait obtenu 13 votes favorables.

Le préfet aurait encore indiqué qu’il poserait une simple question, à savoir « êtes-vous pour ou contre le périmètre ».

J’ai à maintes reprises rappelé aux membres du conseil communautaire de Terre de Lumière que la loi ménageait la possibilité d’amendements, affirmation de ma part contre laquelle J. MAZZOLI s’est opposé, soutenu en cela par J. BALLESTER, soutenant tous les 2 qu’il n’y aurait pas de possibilité d’amendements, selon les termes même du préfet.

Je les ai à nouveau mis en garde, à plusieurs reprises et au risque de paraitre insistant, sur cette possibilité d’amendements telle que prévue par la loi et la nécessité de le prendre en compte, en anticipant les différentes hypothèses en présence, sans jamais être entendu.

Jean MAZZOLI a préféré, avec une constance et un manque de discernement confondants, se voiler la face, pour se réfugier derrière l’affirmation réitérée du pouvoir de décision du Préfet, et sans doute la conviction que ce dernier imposera le grand périmètre.

Ce nouvel amendement vient donc singulièrement compliquer ses plans, même s’il pense sans doute toujours que le grand périmètre l’emportera, la CDCI rejetant à nouveau l’amendement du président de Moyen Verdon.

Son attitude va, je n’en doute pas, laisser des traces indélébiles.

Non seulement, la future grande communauté de communes, une fois l’arrêté préfectoral intervenu, ne va, dans un premier temps, s’occuper que des formalités d’intégration et d’évolution des structures, ce qui va être particulièrement long, mais, dans notre cas, il faudra à nouveau panser les plaies causées par J. MAZZOLI, qui aura réussi, une nouvelle fois, à dresser les uns contre les autres, comme il l’avait fait lorsqu’il s’était agi, il y a quelques années, de marier Entrevaux et Annot, mais cette fois-ci, il l’aura fait au périmètre du Pays A3V.

Au-delà de la recomposition des assemblées, c’est surtout la question de la gouvernance qui se pose. Il serait fort judicieux de bâtir une gouvernance permettant de garantir une représentation correcte des citoyens. La fusion de plusieurs communautés en une seule est aussi un véritable défi démocratique, nécessitant de repenser le lien entre l’élu et l’habitant à l’échelle intercommunale.

Tenir compte des disparités des différents territoires réunis en un seul sera sans doute l’une des principales difficultés.

De la part de certains élus, qui ne travaillent visiblement pas dans l’intérêt général, mais cherchent essentiellement à préserver, par de petits calculs politiciens, leur position, on peut craindre que le défi démocratique est loin d’être relevé.

Les amendements, après avoir été présentés à la CDCI le 5 septembre dernier, devront faire l’objet d’un vote lors de sa séance du 30 septembre prochain.