Crise d’un système traditionnel pas très moral

L’idée générale, il me semble, c’est que nous vivons la lente agonie d’un système traditionnel de gouvernance locale.

Le vieux système : l’élu, ce guide qui a du recul

La première dérive, me semble-t-il c’est que les représentants rendent de moins en moins compte de ce qu’ils font dans l’intervalle de deux élections.

Une fois qu’ils ont été élus, ils mettent les électeurs à l’ombre et en congé de citoyenneté.

En pensant « vous m’avez élu, maintenant, j’ai le pouvoir, restez tranquilles et si vous n’êtes pas contents de moi, dans six ans, vous voterez contre moi et point final ».

Autrement dit, c’est un système qui, peu à peu, a contribué à organiser la passivité du citoyen qui n’intervenait plus qu’au moment des élections.

Voilà la première dérive.

La deuxième dérive est ce que les spécialistes appellent la dérive du notable avec le cumul des mandats, aussi bien dans le temps que dans l’espace.

On pouvait avoir des élus qui cumulaient plusieurs mandats à responsabilités ; quelquefois, on trouve encore un système quasiment féodal, avec des élus qui transmettent leur mandat à leurs descendants ou amis, qui se transmettent le poste de conseiller général ou autre comme on pouvait se transmettre le titre de comte ou le droit de primogéniture.

Le notable est aussi, d’après Je droit, celui qui détient et conserve pour lui l’information, celui qui gouverne parce qu’il sait.

D’où une autre dérive, celle qui veut que le notable ne diffuse pas ce qu’il sait, pour être au cœur des réseaux de relations, afin de savoir à quelle porte il faut frapper, auprès de qui il faut faire un peu de forcing pour obtenir une subvention.

Surtout ne pas diffuser la connaissance, car la diffusion de l’information, c’est la perte du pouvoir de celui qui la détient. En effet, si je mets toutes les informations couchées sur la table et que je soumets ces informations au débat public, je perds une partie de mon pouvoir.

La troisième dérive est la dérive du système d’assistance. Il consiste à distribuer les secours, les places, à multiplier le nombre des embauches pour pouvoir assurer des places aux "fils de", des copains et tout ceci pour qu’ils votent pour moi.

A la limite, on distribue même de l’argent dans certaines régions pour acheter les électeurs. Le système "assistanciel" est un système de mise en dépendance d’une partie des électeurs : je te donne quelque chose et en échange, tu me donnes ton vote.

La dernière dérive que j’aborderai,  c’est, ce que les spécialistes appellent "la politique spectacle". C’est-à-dire qu'au lieu de mener les campagnes et les débats publics politiques, on fait de la "poudre aux yeux".

L’alternative : la démocratie participative.

Il faut mener une série d’opérations pédagogiques si l’on veut que le maximum de gens comprenne les enjeux. On pourrait longuement parler de l’utilisation d’une information démocratique comme une sorte de préalable à la démocratie participative et là, c’est un combat formidable. L’ancien système est le système du bulletin municipal, par exemple, dont le contenu s’apparente plus à de la propagande qu’à de l’information.

L’objectif, c’est de rendre légitime une idée que l’on place au centre du débat.

On voit se développer dans les programmes municipaux, cantonaux et régionaux, nationaux, le thème de la démocratie participative disant « si je suis élu, je mènerai dans ma commune, dans mon département ou dans ma région une politique exemplaire de démocratie participative.

Je donnerai aux habitants des occasions de participer, de s'exprimer, je créerai 10 conseils de quartiers, un conseil de jeunes, un conseil d’anciens et j’inviterai mes concitoyens, les habitants de ma commune, à rentrer dans ce système, que je propose ». Ça, c’est une démocratie participative proposée par le pouvoir et auquel les citoyens répondent plus ou moins.

Et puis, et c’est peut être plus intéressant, il y a la conception ascendante de la participation.

C’est-à-dire que les gens n’attendent pas que le pouvoir leur offre la participation comme un cadeau d’une extraordinaire générosité, mais ils se prennent eux-mêmes en main, prenant des initiatives, créant des groupes, quelquefois des associations ; le plus souvent, c’est sous forme de groupes informels autour d’un projet qu’ils se rassemblent.

Le problème c’est qu’il s’agit la plupart du temps, de groupes qui se prononcent "contre", comme ce que l'on appelait au Moyen Age, les Jacqueries.

C'est donc une démocratie ascendante qui, naturellement, à un moment ou à un autre, rencontrera le pouvoir.

Mais là, attention ! Une nouvelle génération arrive ...

"Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans".

Ces propos ont été tenus en 470 avant Jésus-Christ par Socrate.

Ils seraient toujours d’actualité si la Génération Y n’existait pas. On l'appelle Génération Y, génération 2.0, ou encore, enfants du millénaire.

Le Y individualiste, adaptable et débrouillard. Individualiste est bien le terme que l’on peut employer pour définir la génération Y.

En effet, ces jeunes savent se débrouiller seuls, ils n’ont jamais référé à leurs parents, leurs enseignants et, maintenant, encore moins à leurs employeurs. Ils sont libres et prennent la décision qu’ils jugent la mieux adaptée et la plus rapide

Pour eux, les validations par toute une ligne hiérarchique sont une perte de temps, elles déresponsabilisent les individus, et ralentissent l’efficacité.

Ils ne s’encombrent pas de procédures à suivre, mais pratiquent l’efficacité avant tout. Ils court-circuitent la hiérarchie et les procédures. Ils sont directs et opérationnels au quotidien. Ils agissent dans le concret avec efficacité.

Aux entreprises, aux collectivités maintenant, de savoir exploiter leurs compétences, sur des postes requérant rapidité, efficience et service aux clients, aux politiques de leur proposer des programmes participatifs, et d’obtenir des résultats, car, pour eux, seuls les résultats comptent, loin devant les discours et les promesses.

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Cette démocratie participative ascendante nous aurait évité bien des désaccords concernant entre autres les multiples contestations sur les dénominations de rues, on aurait par exemple pu éviter une salle des jeunes’’ qui n’a jamais vu un ‘’jeune’’.

On souhaiterait que le terrain multisports ne subisse pas le même sort, ou que les études lancées sur les grès d’Annot ne se résument pas à faire  interroger par des consultants onéreux des intervenants locaux que l’on aurait pu consulter avec plus de proximité, de dialogue, d’économie de temps et d’argent.