“Le maire : dernier rempart contre la crise – quelques particularités selon les pays en Europe

Le maire reste le dernier rempart contre la crise. Celui vers qui les populations se tournent et qui doit assurer la cohésion sociale sur son territoire. Cette proximité est partout reconnue comme primordiale et la fonction du maire se professionnalise dans tous les pays. On lui demande des compétences de plus en plus pointues.

Alors que, dans beaucoup de pays européens, le cumul des mandats n’existe plus et que la fonction de maire est reconnue comme étant de premier ordre, il y a encore ce mythe en France qui veut qu’un bon élu local soit aussi titulaire d’autres mandats, voire d’un mandat parlementaire. Des figures comme Bertrand Delanöe à Paris et Martine Aubry à Lille ont choisi de se consacrer uniquement à leur mandat local. Il est regrettable que certains continuent, malheureusement, à considérer le maire comme un élu de second rang.

A la veille du dépôt d'un nouveau projet de loi (début avril) qui se veut une nouvelle étape dans la décentralisation en FRANCE, il serait bien utile d'écouter les maires, tant les maires ruraux, que les maires qui se battent pour leur ville, plus ou moins bien prise en compte au sein de l'intercommunalité, plus ou moins bien lotie en termes de solidarité.

Les modalités d’élection varient aussi d’un pays à l’autre, avec des différences fortes entre les pays : comment le maire est élu et quels pouvoirs lui sont conférés. En Allemagne, par exemple, le maire est chef de l’exécutif, mais pas président du conseil municipal. Les pouvoirs sont divisés, comme au niveau national entre le Parlement, qui vote le budget, et le gouvernement, qui l’exécute. Dans certaines communes européennes, on élit seulement le maire, et dans une autre élection, le conseil municipal, à la proportionnelle. L’assemblée communale peut ainsi avoir une majorité différente de l’étiquette du maire. Ce partage impose le compromis, l’esprit de consensus, moins courant dans l’Hexagone.

Le développement d’intercommunalités traduit une tendance assez généralisée au regroupement et à la fusion de communes en Europe. L’intercommunalité permet de mettre en commun certains moyens pour développer de nouveaux services dont il est indispensable pour les maires de garder la maîtrise. Dans certains pays, la superficie des nouvelles communes peut rendre difficile l’accès à un service public local. En Finlande, par exemple, l’État a fixé un nombre minimum d’habitants par commune, pour inciter à la fusion, mais n’a pas pris en compte l’éloignement des habitants par rapport aux services publics locaux. Cette question est cruciale, notamment dans les pays à faible densité démographique.

Quelques pays tirent leur épingle du jeu et les bons élèves européens sont ceux qui arrivent à faire passer les réformes par la concertation, avec un vrai accord entre l’État et les collectivités. Tout passage en force provoque un braquage des élus locaux. Au Danemark, pays très pragmatique, la concertation a fonctionné. En Suède, aux Pays-Bas, en Écosse, de grands débats publics ont eu lieu. En Espagne, l’association des municipalités et provinces a été pleinement associée à la réforme. Ce sont autant de modèles à suivre.

En FRANCE, les maires, relayés par la chambre qui les représente le mieux, le SENAT, sont de plus en plus agacés par une vision technocratique des territoires, de plus en plus découragés aussi face à une complexité croissante de l'organisation administrative, désespérés de ne plus avoir suffisamment de moyens pour satisfaire aux besoins de leurs populations, qui, pourtant, continuent de se tourner vers eux prioritairement, l'intercommunalité restant illisible et, quoiqu'il en soit, cachée derrière eux.