La réforme de la dépendance attendra

En repoussant au “début de l’année 2012” la réforme de la dépendance, François Fillon semble avoir enterré l’un des grands chantiers promis par Nicolas Sarkozy en 2007. La faute au “contexte économique et financier que nous connaissons”, a justifié le Premier ministre en présentant le plan d’austérité du gouvernement.

Attendue en juillet, reportée en septembre, la réforme de la dépendance est une nouvelle fois repoussée, ce qui réduit quasiment à néant les chances de la faire aboutir avant l’élection présidentielle.

“La concertation nationale, menée depuis le début de l’année, a montré l’ampleur des changements que nous devons assumer pour faire face à la nécessaire solidarité envers les personnes les plus âgées”, a reconnu François Fillon. Avant d’ajouter : “Traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd’hui et dans l’urgence ne serait pas responsable.”

Le gouvernement devra tenir compte des recommandations du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie et trouver des ressources “adaptées”, a insisté le Premier ministre. “Nous devons y travailler encore d’ici le début de l’année 2012 avec tous les acteurs de ce secteur”, a-t-il encore déclaré.

Lancé début 2011, le calendrier de cette réforme attendue depuis la canicule de 2003 se resserre et les mesures d’urgence promises par Roselyne Bachelot au printemps dernier semblent très incertaines. Elles devaient représenter 1 milliard d’euros et figurer dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2012, qui sera débattu à l’automne.

“Il est évident que la dépendance ne sera pas traitée avant la présidentielle, estime Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE. La France n’a aucune raison d’annoncer aujourd’hui des dépenses futures qui inquiéteraient les marchés.”

“C’est une mauvaise nouvelle pour les familles et pour les départements”, réagit de son côté Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France, les conseils généraux finançant notamment l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Pour l’Association des directeurs de maisons de retraite et de services à domicile, ce nouveau report pourrait entraîner “des suppressions d’emplois dans les services à domicile en fragilité financière et dans les établissements”.

Un rapport a d'ailleurs été commandé fin juillet par Roselyne Bachelot à la députée UMP Bérengère Poletti pour faire le point sur leur situation.

Déception également pour la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (FNAQPA), qui prévient que “l’échéance de début 2012 fixée par le Premier ministre pour trouver les ressources adaptées et pérennes devra cette fois être impérativement respectée”. Pour cette fédération spécialisée dans l’accompagnement en fin de vie des personnes âgées, l’enjeu est “d’abord éthique” avant d’être économique.

COMMUNIQUE de PRESSE de la FNADEPA du 25 août 2011

LA DEPENDANCE OUBLIEE

Même s’ils ont bien conscience de la crise financière, les directeurs d’établissements et services pour personnes âgées, adhérents de la FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées), regrettent, qu’une fois plus, aucune décision n’ait été annoncée hier par le Président de la République.

Il est dommage que le gouvernement ne prenne pas conscience que soutenir l’autonomie et mieux prendre en soin les personnes âgées, ce sont d’importantes économies pour la sécurité sociale (du fait d’un nombre de journées d’hospitalisation moindre) et que ce secteur est un des rares à avoir la capacité de créer des emplois pérennes et non délocalisables pour peu que des moyens corrects soient attribués aux établissements et aux services.

La FNADEPA espère que la dernière promesse pour une réforme en profondeur du système de prise en charge début 2012 sera, cette fois, tenue.

CLAUDY JARRY - Président