Rythmes scolaires – un enjeu pour nos enfants

En 2008, le précédent gouvernement avait mis en place la semaine des quatre jours aux élèves les plus jeunes -maternelle et primaire-, et ce choix s’est avéré en inadéquation avec la chronobiologie des enfants. 

Le retour à la semaine de quatre jours et demi proposé aujourd’hui est largement soutenu par l’association majoritaire des parents d’élèves - la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE)- et les syndicats d’enseignants, car ils reconnaissent dans cette décision un point très positif au profit des élèves. 

Ce retour à une meilleure prise en compte du rythme de l’enfant devrait s’accompagner d’une journée moins lourde, moins longue, facilitant d’autant mieux l’acquisition des savoirs.

Cette mesure nécessaire ne peut se faire toutefois sans la participation des collectivités locales qui devront redéployer leurs personnels et créer de nouveaux postes pour encadrer notamment de nouveaux temps d’activité périscolaire. 

La refondation de l’école souhaitée par le Gouvernement intègre d’ores et déjà la nécessité d’un partenariat solide entre Éducation nationale et communes ou intercommunalités en priorité, en tenant compte des ressources limitées des communes ou intercommunalités, en particulier en milieu rural comme c’est le cas du canton d’ANNOT, qui consacre déjà beaucoup de moyens aux écoles du 1er degré. 

Le décret du 26 janvier 2013 précise que la consultation des conseils d’écoles et des élus doit permettre à l’éducation nationale de contractualiser des plans territoriaux éducatifs d’aménagement des rythmes scolaires qui seront évidemment différents, selon les communes et les projets éducatifs. 

Concernant la question des rythmes scolaires, tout le monde reconnaît - je pense notamment à l’Académie de médecine, aux différentes instances consultées par les gouvernements successifs ou encore à Marcel Rufo, que l’exception française, véritablement unique au monde, avec 144 jours de classe seulement ne sert pas l’intérêt des élèves ! 

Il faudrait donc revenir à 180 jours de classe par an, au lieu de 144. 

Ceci suppose pour les enseignants, les professeurs, les parents, donc pour nous tous, un certain effort. 

La France a l’année scolaire la plus courte, la semaine la plus courte également et la journée la plus longue ! Dans ces conditions, pourquoi la seule réduction d’une petite demi-heure ou ¾ heure quotidienne provoque-t-elle tant de protestations, alors que chacun reconnaît que la situation n’est pas satisfaisante ? 

Le débat a perdu de vue la visée éducative pour se trouver, au final, arbitré et en quelque sorte enfermé dans les capacités financières des communes ou intercommunalités qui ont la charge de mettre en œuvre la réforme.

Les élus  demeurent préoccupés par les incidences financières de la réforme sur les budgets locaux, d’autant que la nature des activités organisées hors temps scolaires, les statuts des intervenants, ou encore les normes d’encadrement ne sont, à ce jour, pas définis. 

En effet, si le coût de la réforme n’est pas précisément évalué, on sait qu’il sera trop important pour que les communes les plus pauvres puissent y faire face. Selon les chiffres le plus souvent avancés, le coût est évalué à environ 150 euros par élève (moyenne nationale). 

Comment les communes ou intercommunalités pourront-elles prendre en charge ces nouvelles activités pédagogiques périscolaires ? Comment feront-elles face à l’augmentation de la demande en matière de transport scolaire, de cantine et de centre de loisirs découlant de la scolarisation le mercredi matin ? 

L’obligation d’accueil de tous les enfants scolarisés en primaire et durant les deux premières années du collège jusqu’à 16h30, voire 17h00, alors que le nombre d’heures de cours par jour sera limité à 5 heures, nécessitera une organisation du temps périscolaire complémentaire à la charge des collectivités territoriales à laquelle le ministre répond par l’octroi d’une dotation exceptionnelle de 250 millions d’euros.

Cette dotation semble davantage devoir servir de moyen d’incitation à une mise en œuvre rapide de la réforme que de réelle compensation des coûts. Cette aide n’est d’ailleurs attribuée qu’aux seules communes appliquant la réforme dès 2013, comme si l’augmentation des dépenses était seulement liée à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires et n’était pas pérenne… 

Au-delà de la question du financement de ces mesures et de la mobilisation de nouvelles ressources humaines qui entraînera des difficultés sur le canton d’ANNOT, dépourvu de personnels spécifiques, il y aura aussi des difficultés liées à l’insuffisance de structures sportives et culturelles pour organiser les activités après le temps scolaire. 

Il faudrait également intégrer l’ensemble de ces questions à la réflexion sur le numérique à l’école, autre volet de la réforme annoncée par le ministre. En effet, je pense que nous ne voudrions pas que cet enjeu majeur puisse se transformer, faute d’actes concrets, en un facteur supplémentaire de déséquilibre et de rupture de l’égalité des chances. 

Nos enfants doivent bénéficier, dans ce domaine, des mêmes possibilités que ceux issus des centres urbains ; or, nous savons que le numérique, dans nos zones rurales, est plus compliqué, par manque de « tuyaux » et aussi de moyens.